L’aventure de Lila à l’ASTEP

Mon aventure ASTEP 2012

Par Lila Bouëssel du Bourg

Je réalise que je suis entrée à l’ASTEP avec des motivations peut-être un peu confuses. Ou peut-être ne l’étaient-elles pas, mais disons que ce que j’en ai reçu est tellement clair que mes idées passées semblent floues en comparaison.

J’ai donc au cours de l’année accompagnée une enseignante, Élise F., à la tête d’une classe d’une vingtaine d’élèves de CE2 dans le 19ème arrondissement.

Ma mission telle qu’elle était présentée était de faire découvrir (ou concrètement aider à enseigner) la science aux enfants. Le fait que ce soit des enfants, et non des adultes consentants est un des points essentiels. Pourquoi ? Je suis moi-même un cursus scientifique. On pourrait alors penser que si je suis capable de résoudre dans certaines conditions l’équation de Schrödinger je ne devrais pas avoir de problème pour comprendre et expliquer pourquoi parfois il pleut. Et pourtant… Le comprendre d’accord. L’expliquer, cela peut à la rigueur s’improviser avec des adultes. Mais à des enfants… la tâche est beaucoup plus ardue ! Il faut faire usage d’énormément de tactiques et de détours. Utiliser des mots simples, savoir capter leur attention, faire en sorte qu’ils retiennent ce qu’ils ont compris d’une séance sur l’autre, etc. Alors, voici comment j’ai procédé…

1- Méthodes

Pour les raisons évoquées ci-dessus, il fut nécessaire avec Élise de se retrouver à plusieurs reprises pour préparer les séances à l’avance. Nous partions d’un thème et nous nous aidions de plusieurs livres éducatifs et d’internet.

Au début de chaque séance, après avoir reçu un franc « bonjour Lila » en chœur de toute la classe, je commençais par poser des questions sur la séance précédente. Aussitôt les doigts se levaient avec excitation (parfois même le corps entier quand l’enthousiasme se faisait trop fort pour certains enfants). Évidemment, toutes les réponses n’étaient pas correctes, mais cela permettait justement d’ouvrir le dialogue entre les élèves, qu’ils remettent en question leur raisonnement, qu’ils discutent calmement et ainsi qu’ils construisent ensemble un résultat réfléchi, logique et probable.

Pour clore le dialogue quand il commençait à s’écarter du sujet (les élèves finissaient par se perdre et à raconter : « moi j’ai été au Maroc cet été », « mon père il… » et d’autres fantastiques histoires familiales), je résumais les réponses justes des élèves haut et fort et posais de nouvelles questions pour faire la transition et éveiller à nouveau la curiosité sur le thème abordé du jour. Quand le suspens les submergeait et qu’ils ne trouvaient plus vraiment comment réfléchir, on passait à une ou deux expériences par groupe de 4. A la fin, un élève de chaque groupe allait présenter ses résultats devant la classe.

Pour finir, nous faisions (Élise ou moi-même) un bref résumé à l’oral. La leçon était ensuite écrite en cours sans ma présence.

2- Thèmes

Nous avons abordé deux grands thèmes : le cycle de l’eau sur Terre et les mélanges (liquides, solides et gazeux). Au total cela a donné huit séances.

a- Le cycle de l’eau.

Pour cette partie d’environ deux séances, nous avions deux objectifs. Le premier était d’expliquer les différents états (solide, liquide, gazeux) de l’eau. En transition, nous avons montré que ces trois différents états étaient présents dans la nature. Le deuxième objectif était alors de faire comprendre ce cycle de l’eau en faisant apparaître les différents états successifs (la mer qui s’évapore, se recondense en nuage, tombe sous forme de pluie ou de neige,…).
La seule expérience que l’on ait faite dans cette partie était l’évaporation de l’eau. Le reste des explications se basait sur des schémas ou des photos. D’abord très suggestives comme de la buée sur une vitre puis plus compliquées comme la vision des marais salants qu’ils devaient, en fin de séance et avec l’aide de tout ce qu’ils avaient appris pendant le cours, chercher à expliquer.

b- Les mélanges.

Nous avons commencé par les mélanges liquide-solide en faisant plusieurs mélanges pour constater que certains solides étaient solubles et d’autres non : eau+sel, eau+sucre, eau+poivre, eau+café en poudre, eau+terre. Certains solides pouvaient être récupérés par filtration et d’autres par évaporation (expériences à l’appui). Puis nous avons fini par faire un montage pour récupérer l’eau douce du mélange liquide-sel (pour cela j’ai dû les mettre dans des conditions imaginaires spéciales, à savoir être naufragé sur une île déserte et avoir très soif).

Le deuxième cas était le mélange liquide-liquide. Là encore certains mélanges se mélangeaient de manière homogène d’autres non (expériences là encore avec différents liquides comme l’eau, l’huile, le vinaigre et le sirop).

Nous avons ensuite fait les mélanges liquide-gaz en récupérant le gaz des boissons pétillantes et en montrant à l’aide d’une bougie que l’eau contenait de l’air mais que ce n’était pas ce gaz qui faisait piquer les sodas. Puis nous avons fait une expérience pour savoir si la réaction inverse, à savoir redissoudre de l’air dans l’eau, était possible.

La dernière séance s’est voulue un peu plus ludique. C’est pourquoi, j’ai proposé de faire quelques mélanges extraordinaires. Il y a d’abord eu vinaigre-bicarbonate de soude, eau-maïzena et enfin, dans la cours de récréation bien entendu, mentos coca-cola light.

3- Les couacs

Élise et moi-même avons dû faire face à quelques petits détournements par rapport au chemin initialement prévu. Premièrement, l’arrivée du printemps ne fut pas de tout repos ! Les enfants étaient beaucoup plus excités. Ils restaient attentifs mais lors des expériences, ils se chamaillaient pour rire ou pour de bon. Rien qui ne pusse être géré, mais cela freinait peut-être l’avancée du cours. D’un autre côté, nous les laissions choisir leur groupe eux-mêmes, il y avait alors peut-être une trop bonne entente au sein du groupe et ils en oubliaient qu’ils restaient quand même dans une salle de classe.
J’ai aussi eu droit à des réponses aux questions que j’avais posées qui m’ont décontenancée.

« 
- Comment expliquez-vous cette buée ? (Je montrais la photo d’une vitre pleine de buée au dessus d’une bouilloire qui visiblement chauffait)
- C’est comme nous, quand on a très chaud, on transpire, la vitre c’est pareil. »
« 
- Connaissez-vous des mélanges d’un liquide avec un solide dans la vie de tous les jours ? (j’attendais ici chocolat chaud, sucre dans le thé, aspirine…)
- Du nutella.
- Du ketchup.
- Du caca. »

4- Les acquis

À la fin de tout ce programme, les élèves se sont vraiment améliorés à plusieurs niveaux.

Par exemple, ils maîtrisent maintenant la création de schémas. Au début, ils n’avaient et n’arrivaient qu’à reproduire celui que nous avions dessiné au tableau, mais à la fin, ils étaient capables seuls de schématiser une expérience et ses différentes étapes, et d’y mettre les légendes correctement.

Ils se sont également améliorés dans la rédaction de leurs réponses scientifiques. Il ne s’agissait pas de raconter des histoires, d’inventer, comme ils ont l’habitude de le faire dans les matières littéraires, il fallait cette fois-ci organiser leurs idées et expliquer concrètement des faits réels.

Et bien sûr, ils ont compris (du moins je l’espère) des mécanismes pour lesquels ils ne se posaient pas de question. Cela me permet de rebondir sur le fait que nous avons vraiment au cours des séances souligné l’importance de se poser des questions. Le premier cours a d’ailleurs commencé par une grande introduction dans laquelle j’essayais de définir le métier de chercheur qui finalement remet tout en cause, se questionne, et c’est ainsi qu’il avance.

Conclusion

La classe était très dynamique, jouait le jeu, le système question-réponse-débat marchait très bien.

En réalité, il est très agréable de travailler avec des enfants remplis de curiosité. Je commençais souvent les cours en répondant avant toute chose à leurs propres questions auxquelles ils avaient pensé durant mon absence. De plus, cela m’a forcée à aborder des explications scientifiques de manière ludique, parfois très lointaines de certains cours rébarbatifs que j’ai pu suivre au cours de mes études. Par conséquent, non seulement je pense être parvenue à éveiller leur intérêt pour la science, mais j’ai en plus exalté le mien.


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